
Les discussions préliminaires entre le gouvernement du Congo et le Fonds monétaire internationale ont repris la semaine dernière, après plus deux mois d’interruption du fait des élections de juillet 2017. Aux fins de lever tous les obstacles possibles et préparer les dossiers devant ouvrir la voie à la conclusion d’un programme entre les deux parties, une mission technique de sept jours est à pied d’œuvre à Brazzaville. Aussitôt arrivée, la délégation du Fmi conduite par Abdu Wane Aziz, s’est entretenue d’abord, avec le ministre des finances, avant d’être reçue par le Premier ministre Clément Mouamba. D’autres échanges hors caméra et micro ont eu lieu avec plusieurs autres personnalités et administrations proches du dossier ; question d’affiner tous les contours du programme en gestation.
Au cours d’un premier échange qu’il a eu avec le ministre Calixte Nganongo, le 26 septembre dernier, Abdul Wane Aziz a dévoilé le contenu de cette mission : « nous sommes là, pour faire le point de la situation économique et financière du Congo et résoudre les incertitudes sur le cadrage macroéconomique », a-t-il indiqué d’entrée de jeu.
Du côté du gouvernement, on se veut serein, en dépit de la situation économique difficile et de la grogne sociale perceptible au sein de certaines catégories sociales et quelques administrations publiques qui accusent des mois de salaires impayés. « Il n’y a aucune raison de désespérer », entend-on dire dans les milieux officiels, car l’arrivée des missions du Fmi dans le pays, est la preuve d’un travail qui se fait pour que les négociations en cours, débouchent sur la conclusion d’un programme pouvant permettre au Congo de sortir de l’ornière.
Ce qui ne manque pas de rassurer les plus sceptiques. Plus que ces derniers, les oiseaux de mauvais augure, relayés par une certaine presse, voient en l’arrivée du Fmi, celle du gendarme venu pour ‘’menotter’’ le Congo, avant de le jeter dans une cellule sombre.
Au contraire, le Fmi est dans son rôle prioritaire consistant à soutenir les pays membres, lorsqu’ils sont confrontés à une crise financière, en leur octroyant des prêts, afin de garantir sa solvabilité et d’empêcher l’éclatement de toute crise financière semblable à celle de 1929. C'est une sorte de « banque centrale des banques centrales et trésors publics ». Le mandat actualisé du Fmi lui permet de couvrir l’ensemble des questions macroéconomiques et financières ayant une incidence sur la stabilité mondiale. Cette institution joue aussi le rôle de veille économique, de maintien de la stabilité et de prévention des crises du système monétaire international. Elle examine les politiques économiques des pays, et l’évolution économique et financière à l’échelle nationale, régionale et mondiale, et conseille ses 188 États membres sur la politique à mettre en œuvre et propose une assistance technique et des formations pour aider les pays membres à renforcer leur capacité d’élaboration et d’exécution de leur politique économique. Le Fmi assure aussi la gouvernance et l’organisation, il est responsable de son action devant les gouvernements de ses États membres.
L’idée pour Congo d’entrer en programme avec le Fmi était dans l’air depuis plus d’une année, notamment dès l’apparition des premiers signes de la situation économique difficile que connait notre pays ; situation engendrée par la baisse drastique des prix du pétrole, la principale ressource de l’Etat. Les recommandations formulées par les précédentes missions du Fmi et de la Banque mondiale indiquent quelques pistes possibles : l’adoption des plans de dépenses réalistes pour prévenir l’accumulation de nouveaux arriérés tout en préservant les dépenses sociales et le financement de la contrepartie des projets de développement ; la poursuite des efforts visant à rationaliser les dépenses publiques par rapport à leurs niveaux exceptionnellement élevés ces dernières années et améliorer la qualité et l’efficacité des dépenses d’investissement et l’élargissement de l’assiette fiscale en procédant à un examen systématique et à une élimination sélective des exonérations fiscales et en renforçant l’administration fiscale et douanière... De même, à moyen terme, une approche multidimensionnelle sera nécessaire pour soutenir la diversification, en vue de parvenir à une croissance durable et inclusive. Une perspective à moyen terme en matière de planification fiscale et d’amélioration du contrôle des engagements aiderait à prévenir l’accumulation d’arriérés intérieurs et à limiter l’augmentation de la dette publique. Une stratégie claire pour le remboursement des arriérés existants, parallèlement à l’amélioration du climat des affaires, telle que le renforcement de la gouvernance et de la transparence et l’amélioration de l’accès aux financements, serait essentielle pour soutenir le développement et la diversification du secteur privé.
J.D.